Le débat que nous portons est un débat de principes sur la question de ces traités de nouvelle génération [...] Nous n’avons aucun problème avec le Canada, bien au contraire, nous sommes convaincus que c’est avec le Canada que nous allons pouvoir promouvoir une autre conception du commerce mondial.
Paul Magnette a fait ses études en science politique et en construction européenne à l’Université libre de Bruxelles de 1989 à 1994 avant de se spécialiser en histoire des idées politiques à l’Université de Cambridge. Il obtient son doctorat en science politique en 1999 de l’École doctorale du Fonds de la recherche scientifique
(FRS) à Bruxelles.
Parallèlement à ses études, M. Magnette milite avec les Jeunes Socialistes de Charleroi et il adhère au Parti socialiste de Belgique en 1993. Il débute sa carrière professionnelle à titre de chargé de recherche au FRS et devient, en 2001, professeur de science politique et directeur de l’Institut d’études européennes à l’Université libre de Bruxelles. En juillet 2017, M. Magnette est nommé ministre de la Santé, de l’Action sociale et de l’Égalité des chances au sein du gouvernement wallon. La même année, il est nommé ministre fédéral du Climat et de l’Énergie, en charge de l’Environnement, du Développement durable et de la Protection des consommateurs dans le gouvernement Verhofstadt. Il y restera sous les gouvernements Leterme I et II ainsi que Van Rompuy I. En 2011, le chef du Parti Socialiste, M. Elio Di Rupo, est nommé Premier ministre et nomme M. Magnette ministre des Entreprises publiques, de la Politique scientifique et de la Coopération au développement, chargé des Grandes villes. En 2012, M. Magnette est élu bourgmestre de Charleroi et c’est le 22 juillet 2014 qu’il est élu ministre-président de la Wallonie.
Fiche du conférencierM. Magnette a d’abord brossé un portrait historique de la politique commerciale européenne depuis sa création dans les années 50. Cette politique a résulté en des transformations sociales et économiques, notamment dans les secteurs agricole et industriel, qui ont eu pour conséquence de faire de la mondialisation le symbole de ce qui ne va pas. Pour lui, la politique commerciale de l’Union européenne (UE) n’a pas du tout été à la hauteur des enjeux socioéconomiques et des préoccupations des populations en Europe. Au sujet des accords de libre-échange contemporains, le ministre-président s’est dit navré des difficultés rencontrées lors des négociations sur l’AECG entre l’UE et le Canada. En ce sens, il a tenu à rassurer les Canadiens à l’effet que le débat sur les traités de nouvelle génération en est un de principes et il est convaincu que c’est avec le Canada que l’Europe pourra promouvoir une autre conception du commerce mondial. M. Magnette souhaite que l’on reconnaisse davantage que le libre-échange fait parfois des perdants et il est d’avis qu’il faudra mettre en place des mécanismes pour compenser ceux qui en seront les victimes. Il a déclaré qu’en ce moment les compensations sont trop petites et que si l’Europe veut retrouver la confiance de ses concitoyens et les convaincre que le commerce a des vertus, elle doit repenser de manière beaucoup plus radicale sa politique commerciale. Pour conclure, M. Magnette a soulevé trois points qui devront être considérés pour que les traités de type AECG soient équitables à ses yeux. Il croit, d’abord, que les entreprises et gouvernements devraient pouvoir résoudre leurs différends sous l’égide des tribunaux nationaux plutôt que de passer par des mécanismes d’arbitrage supranationaux. Ensuite, les accords de commerce devraient comporter des lignes directrices claires et plus audacieuses quant à la lutte à la fraude fiscale, qui prive les États de 1000 milliards d’euros par an, selon l’OCDE. Enfin, M. Magnette souhaite que le commerce soit également un instrument pour lutter contre les changements climatiques et que le respect, par exemple, de l’Accord de Paris devienne une condition essentielle dans nos accords commerciaux.
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