La politique monétaire permet de maîtriser l’inflation. Elle ne le fait pas parfaitement, rapidement ni sans peine. Mais elle fonctionne, comme en témoigne le passé.
Tiff Macklem est diplômé en économie de l’Université Queens. Il détient également une maîtrise et un doctorat dans la même discipline de l’Université Western Ontario.
Il débute sa carrière à la Banque du Canada en 1984, où il retourne travailler après avoir complété son doctorat en 1989. Il a occupé des postes à responsabilités croissantes au département d’analyses de l’économie canadienne, dont il prend la tête en 2000. Il est nommé conseiller du gouverneur en 2003 puis sous-gouverneur en 2004.
Par la suite, il devient sous-ministre délégué au ministère des Finances du Canada de 2007 à 2010. Durant cette période, il a notamment représenté le Canada au G7 et au G20. Il retourne à la Banque du Canada en 2010 à titre de premier sous-gouverneur. En 2014, il est désigné doyen de l’École de gestion Rotman de l’Université de Toronto. C’est en juin 2020 qu’a débuté son mandat de sept ans comme gouverneur de la Banque du Canada.
Fiche du conférencierTiff Macklem a souligné le rôle essentiel des banques centrales dans la lutte mondiale contre l'inflation depuis la pandémie, insistant sur leur détermination à rétablir la stabilité des prix. Au Canada, l'inflation, qui avait culminé à plus de 8% en 2022, est redescendue à environ 3,5% à la fin de 2023, grâce à une politique monétaire vigoureuse qui a inclus dix hausses du taux directeur en dix-sept mois.
Il a discuté de la difficulté de contrôler l'inflation et du rôle crucial des taux d'intérêt, qui influencent indirectement le coût de financement pour les promoteurs immobiliers et affectent directement la demande. Malgré une meilleure balance du marché immobilier post-pandémie, la pénurie de l'offre persiste. Le marché étant en relatif équilibre avec les taux actuels, une baisse des taux d’intérêt trop rapide pourrait ramener les mêmes déséquilibres que durant la pandémie. Il a noté que même après la stabilisation de l'inflation, les taux d'intérêt ne reviendront probablement pas aux niveaux historiquement bas observés après la crise financière de 2008.
Lors de la discussion avec Sandrine Rastello, le Gouverneur a reconnu les défis posés par l'inflation alimentaire persistante et a exprimé ses préoccupations concernant les risques mondiaux et la persistance de l'inflation sous-jacente. Il a expliqué que la politique monétaire ne pouvait pas tout résoudre, notamment les problèmes structurels de l'offre de logements et la croissance démographique ou la productivité.
Il a également abordé les attentes du marché quant à une éventuelle baisse des taux d'intérêt, soulignant que la Banque surveillera attentivement l'inflation sous-jacente avant d'ajuster les taux. La politique monétaire a été remise en question ces dernières années en raison des fluctuations économiques, mais la Banque a prouvé sa capacité à gérer l'inflation même si le timing n'était pas toujours parfait. Il a réaffirmé que la Banque du Canada maintiendrait son taux directeur à 5%, niveau jugé nécessaire pour sortir de l'inflation, tout en prévenant que le retour à la cible de 2% pourrait être lent.
Enfin, le Gouverneur a expliqué que l'augmentation rapide de la population due à l'immigration a des effets significatifs sur l'économie, augmentant l'offre de main-d'œuvre et la demande de biens et services, y compris le logement. Cette dynamique complexe doit être prise en compte dans les prévisions économiques, bien que ce ne soit pas la Banque du Canada qui décide des taux d'immigration.
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